
Geek un jour, geek toujours. A mes moments perdus je prépare un cycle de conférence sur le Transhumanisme, un sujet sur lequel j’avais eu l’occasion d’échanger avec Jean-Michel Besnier il y a de nombreuses années à l’occasion de son livre, Demain les Post-Humains. Depuis, l’actualité ne cesse d’amener de nouvelles avancées sur ce sujet, que ce soit sur l’approche de la singularité, de l’intelligence artificielle et du machine-learning, la biotechnologie,la biomedecine, la bio-ingénierie, la génomique et la volonté affichée par de nombreux acteurs de donner corps au post-humain.
Vaste sujet, à la fois passionnant, fascinant et par certains aspects potentiellement terrifiant tant les enjeux éthiques, politiques, économiques et sociétaux sont nombreux et pour l’heure malheureusement hors de l’espace du débat public, même si certains intellectuels commencent à s’emparer de la question.
Je partage avec vous ma courte introduction à cette conférence et suis preneur de vos inputs.
Nous sommes en 1957, deux frères discutent. Le premier est biologiste, le second écrivain. Comme souvent leur discussion porte sur l’avenir de l’homme et de la société conditionné par l’évolution de la science. Le biologiste est un adepte de Charles Darwin avec qui son grand-père était ami. Poursuivant la théorie de Darwin, Julian est un adepte de l’eugénisme et sera d’ailleurs le fondateur de la Société Anglaise d’Eugénisme. Pour lui il y bien des facteurs génétiques conférant une supériorité et une infériorité aux humains et il est du devoir de la science de contribuer à l’amélioration de l’homme.
Au gré de la conversation, Julian citera de nombreuses fois le biologiste anglais Haldane et son livre Dédale paru en 1923. Dans ce livre, Haldane prédit que l’homme pourra contrôler son évolution en réalisant des mutations génétiques grâce à la fécondation in vitro. Ces possibilités décrites par le savant ont d’ailleurs inspiré l’écrivain pour son roman le plus connu : le Meilleur des mondes. Les deux frères, vous les avez reconnus, ce sont Julian et Aldous Huxley.
Les deux hommes s’enthousiasment des progrès de la science depuis la fin de la seconde guerre mondiale. D’autant plus qu’ils ont suivi de près l’évolution des travaux d’un certain Alan Turing mort
trois ans auparavant. Pour eux la machine universelle de Turing censée être plus intelligente que l’homme sera sans doute un jour une réalité, preuve en est pour eux les résultats de la conférence qui s’est tenue à l’université du Dartmouth College en 1956 où est apparue le nom d’intelligence artificielle et, parallèlement les progrès de la cybernétique théorisés par Norbert Wiener.
Mais Julian Huxley est surtout intéressé par les travaux de Turing sur les biomathématiques et sa contribution à la compréhension de la morphogénèse. Pour Julian et Aldous Huxley, les avancées de la biologie, et de la génétique couplée à l’intelligence artificielle ouvrent la voie à une nouvelle ère pour l’humanité et pour l’homme qui pourra se transcender en développant de nouvelles capacités. Malgré tout Aldous émet de nombreuses réserves sur ces progrès, pour lui le progrès scientifique et technique permet d’anesthésier la société et lui ôte toute velléité de pensée,condition sine qua none pour en assurer la stabilité. Au cours de cette conversation, Julian invente un nouveau mot pour qualifier cette convergence et les possibilités ouvertes à l’homme de passer vers une nouvelle humanité qui en découleront: le transhumanisme.
La suite en live…
Intéressant, mais ne peut-on aller un peu plus loin dans l’histoire ? Julian était le traducteur anglais de l’œuvre de Pierre, jésuite français, qui disait: “L’homme ne naît pas libre, il le devient” (…) La liberté, c’est la “chance offerte à chaque homme (par suppressions des obstacles et mise en mains des moyens appropriés) de se «trans-humaniser», en allant jusqu’au bout de lui-même”. Et ce fut un des premiers sens de transhumanisme, avant de devenir cet état transitoire vers le post-humain. Mais, dans ce sens, Pierre n’avait fait que reprendre les mots de Giovanni Pico Della Mirandola (De la dignité de l’homme, 1486)…
Bref, comme disait Picabia : le nouveau, toujours le nouveau, mais c’est vieux comme le monde !
Bonjour Patrick,
Merci pour votre commentaire.
Vous avez entièrement raison, et d’ailleurs Pic de la Mirandole est une figure historique revendiquée par les transhumanistes, avec Condorcet. La transcendance de l’humain par lui même correspond bien à ce que vous écrivez et l’évolution du mot transhumanisme vers le post-humain ou l’homme augmenté tel que nous l’entendons aujourd’hui l’est sous le fait des NBIC, mais mon propos comme vous l’avez comprs était bien de poser rapidement les bases du transhumanisme à l’aune des grandes étapes scientifiques de la première moitié du XXème siècle (avant d’attaquer la seconde).
Ce post n’est qu’une introduction de 2mn sur 60mn de prévue 🙂 Je serais très heureux d’échanger avec vous sur le sujet.
cool je fais un tpe sur le transhumanisme et ça m’a bien aidé merci