
Comment affirmer avec une audience globale sur le print en chute de 3% en 2013 (Etude One Global de médiamétrie) et une baisse de 5% de la diffusion que la crise de la presse est finie ? Un insondable optimisme ?
Non, juste une analyse subjective de signaux faibles, confortée par les dernières étude One Global, OJD et Audipresse livrée lors du 24ème Observatoire de la Presse de l’OJD, et des tendances positives.
Pour le positif, tout d’abord un appétit des français pour la presse avec près de 34 millions de personnes qui lisent chaque jour un titre de presse et 97% des français qui lisent au moins un titre par jour.
Cette appétence pour l’information si elle ne se dément pas, évolue évidemment dans les modes de consommation, principalement depuis une tablette ou un mobile : 1/3 des lectures de presse se fait depuis un de ces périphériques et 38% de l’audience des sites de presse est issue du digital.
Le digital qui est désormais le segment le plus porteur avec une croissance de fréquentation de 8% des sites internet et de 104% des applications des titres ou marque de presse avec 3,3 milliards de visites.
Ces chiffres sont justement le sujet de mon optimisme pour la presse, d’autant plus en regardant les tendances sur les 5 dernières années.
Cette tendance est d’ores et déjà visible avec la progression de 60% d’adaptation de support papier vers le numérique et ce quelques 49,3 millions d’exemplaires consommés (certes seulement 1,2% de la diffusion totale presse).
La fin annoncée du Bimedia
Mais la bonne nouvelle réside dans la désormais obligation des groupes de médias à intensifier leur réflexion et actions numériques. Les évolutions depuis l’émergence d’Internet sont nombreuses, mais globalement assez lentes. La crispation sur l’ancien modèle de diffusion et l’inconnue quand au business model lié au numérique n’a pendant longtemps suscité que de faibles innovations, le plus souvent une adaptation du papier sur le web en modèle gratuite ou payant, réalisé pour partie par des journalistes en convention syntec avec un statut très clairement différence entre la noblesse du print et les gueux du web.
La maturité du public envers la consommation par les canaux numérique met les groupes médias devant le fait accompli : la croissance se fera sur le digitale ou ne se fera pas. Les éditeurs l’ont bien compris. Tout d’abord en diversifiant leur modèle de revenus à l’image du Figaro et ses multiples sites (evene, explorimmo etc.), et la mise en avant de la Marque (gros mots pour certains journalistes je sais), mais aussi désormais par des réelles innovations éditoriales amenés par les journalistes et médias, New-York Times (qui retrouve de la croissance) et The Guardian en tête de pont, avec le datajournalisme et autres outils de storytelling.
Sur ce point je vous invite à consulter le compte rendu du Journocamp organisé entre autres par Cédric Motte.
L’innovation comme moyen d’adaptation
Pour le dire rapidement, au-delà de la litanie de chiffres de l’observatoire de la presse 2014 nous assistons à une vraie dynamique et une réelle réinvention de la presse. A la fois avec l’émergence de nouveaux modèles financiers et commerciaux des éditeurs et d’une adaptation des journalistes à ces nouveaux supports et formats éditoriaux. Ce qui ouvre un nouvel âge pour les médias, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Et ce même si, hormis la presse généraliste et de cuisine, toutes les catégories de presse sont en recul.
Donc oui, la crise de la presse, au sens à la fois étymologique du terme (décision et jugement), mais aussi en tant que moment de sidération liée à une rupture du réel est bien finie. Les décisions sont prises et la sidération passée. L’activité peut reprendre.
Non ?
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Cet optimisme est aussi partagé par le Président d’Havas Media qui donne dans cette présentation des raisons de croire en l’avenir de la presse.